«C’est vraiment la rencontre de deux mondes»

Saison : 2021/2022 - Artistes : Ensemble Contraste - Établissements : EPSM Somme

Vendredi 2 décembre 2022, l’Ensemble Contraste a rendez-vous à l’EPSM de la Somme, à Amiens, pour deux derniers concerts. L’ensemble conclue ainsi sa deuxième participation au dispositif Plaines Santé. Pour cette deuxième saison, les musiciens se sont rendus à plusieurs reprises dans les différentes unités de l’EPSM afin d’animer des ateliers et des concerts. L’occasion pour Plaines Santé d’interroger Marie Vincent, responsable des affaires culturelles et de la communication à l’EPSM de la Somme.

  • Pouvez-vous présenter l’établissement ?

L’Etablissement Public de Santé Mentale (EPSM) de la Somme est composé de 4 pôles : la psychiatrie générale ; la filière de réhabilitation psycho-sociale ; la pédopsychiatrie et la psycho-pharmaceutique. Ces 4 pôles sont répartis sur 40 hectares et plusieurs antennes à Amiens et ses alentours.

  • Quelles politiques culturelles mettez-vous en place au sein de l’EPSM ?

Je suis arrivée en 2019, or il y a avait déjà une politique culturelle bien installée et facilitée par les politiques Culture Santé de la DRAC et de l’ARS. Ces politiques ne sont plus reconduites depuis 2020 mais cela ne nous a pas empêché de continuer à faire des projets. Cela nous a fait prendre un autre virage : avant 2020, nous travaillions avec les artistes en amont, nous montions un projet avec eux, et on obtenait ou non un financement. Désormais, la DRAC fait toujours des appels à projet mais cette fois, en nous proposant des artistes. C’est le cas avec le dispositif Plaines Santé par exemple, et c’est ainsi que nous avons été amené à travailler avec l’Ensemble Contraste. Avec du recul, je trouve que cela nous a permis de sortir de notre zone de confort et de découvrir de nouveaux artistes.

Parallèlement, nous développons une politique de partenariats sur le territoire grâce à notre commission culture. La commission se réunit 4 fois par an. Elle est ouverte à tout le monde dans l’établissement. C’est un lieu de libre expression ou chacun y emmène ses envies. Nos partenaires culturels sont invités, ainsi que ceux avec qui nous n’avons pas encore de convention mais avec qui nous avons envie de collaborer. Ces réunions sont des espaces de rencontres, d’échanges et amènent à la mise en place de projets. Nous ne nous fixons aucune limite et jamais la Direction ne refuse nos propositions.

  • Quel est selon-vous l’objectif principal des partenariats ?

Notre objectif est de ramener la culture dans nos locaux, mais surtout, d’aller à l’extérieur avec les patients patientes. Les deux sont essentiels car nos patients ne seront pas toujours hospitalisés, ce sont des gens comme tout le monde, et une fois revenus à la vie « normale », ils et elles pourront continuer de fréquenter ces lieux. Nos partenaires sont très réactifs et en demande. Nous avons un tarif préférentiel mais il est important pour nous que les patients contribuent financièrement car la culture n’est pas gratuite.

  • Comment trouvez-vous de nouveaux partenariats ?

Nous travaillons avec déjà beaucoup de partenaires (la Comédie de Picardie, le Safran, le Musée de Picardie, le FRAC, etc). Nous essayons aussi de délocaliser nos commissions culture. Hier par exemple, nous étions au Zoo d’Amiens pour l’une de nos commissions et nous sommes en train de développer un partenariat avec l’établissement. En février, nous serons accueillis par le FRAC Picardie pour la première commission culture de 2023. Je reste persuadée que c’est le relationnel qui fait avancer les choses.

  • Qu’est ce que vous aimeriez améliorer ?

Nous aimerions accueillir quelqu’un en résidence mais nous n’avons pas les fonds pour le moment. Ensuite, nous observons que par habitude et par manque de temps, la culture est un peu moins ancrée en intra-hospitalier. Nous aimerions pouvoir la développer davantage. Mais j’ai bon espoir car des soignants qui travaillent en intra-hospitalier viennent de rejoindre la commission culture.

  • Pourquoi, selon-vous, est-il nécessaire de faire entrer la culture dans le milieu hospitalier ?

Pour moi, ce sont des moments magiques. On oublie la maladie, la pathologie. Il n’y a plus de différences entre patients et soignants. Les patients et patientes ne sont pas différents de nous, alors tout comme nous, cela permet de passer un bon moment, de se détendre et de se changer les idées.

  • Pour ce premier Plaines Santé dans l’établissement, comment avez-vous travaillé ?

Nous avons tout d’abord candidaté à l’appel à projet. Quand nous avons su que nous étions sélectionnés, nous avons choisi 3 représentants à la Commission Culture. Ces trois représentants ont choisi l’ensemble Contraste.

Ensuite, nous avons rencontré les artistes avec le Bureau d’Inspiration Partagée (BIP). Les choses étaient encore assez floues à l’issue de la première réunion mais on s’est dit qu’un premier concert serait bienvenu pour commencer. Il a eu lieu le 16 mai 2022. Il y a eu pas mal d’inscrits sur cette date. C’était magique : les patients nous ont remercié et les services frileux ont été convaincus et ont voulu en être.

À chaque venue des artistes, 3 services profitaient de leur présence et les musiciens se sont baladés dans toutes les unités. Nous voulions clôturer cette belle collaboration par un concert, qui a donc eu lieu aujourd’hui, le 2 décembre.

  • Quel est selon vous le point fort d’un dispositif comme Plaines Santé ?

Cela a le gros avantage de nous obliger à aller vers quelque chose de nouveau. Les soignants peuvent avoir l’habitude de travailler avec les mêmes artistes parce qu’ils ont peur d’aller vers des ateliers ou des rencontres qu’ils n’ont pas préparés. Alors oui au départ cela créé des appréhensions, mais au final, la majorité des unités étaient très satisfaites. Pour les musiciens aussi c’est beaucoup d’émotions. Ils m’ont confié être admiratifs du travail des équipes. C’est vraiment la rencontre de deux mondes !

  • Quel est votre prochain projet ou celui en cours ?

Nous avons un projet d’exposition photo sur les murs d’enceinte de l’EPSM. Cette exposition est le fruit de notre collaboration avec l’ESAD d’Amiens qui a réalisé un projet photo au sein de nos services. Nous voulons montrer sur nos murs ce qui se passe à l’intérieur. L’inauguration est prévue en mars 2023 !