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GHT de Psychiatrie du Nord Pas-de-Calais

Philtres d’amour et d’émotions dans les quatre EPSM du GHT

By | GHT de Psychiatrie du Nord Pas-de-Calais

– Entrez, entrez !
– Ça dure combien de temps ?
– Oh, pas plus d’une heure, ce n’est pas vraiment un spectacle : c’est une conférence sur l’amour.
– Sur quoi ?
– Sur l’amour.
– Et bah ! c’est bien, il va y avoir débat alors…

Dans une salle au premier étage du centre de soin Jean-Baptiste Pussin de l’EPSM des Flandres, le public prend place. Elodie Segui, comédienne, les accueille en leur proposant une boisson fraîche aux allures de potion magique. Le public est sur ses gardes. L’impromptu d’Elodie est une tentative fragile et quelque peu radicale pour comprendre la passion amoureuse.

– Est-ce que vous êtes une sorcière ?
– Non. Vous trouvez que j’ai une tête de sorcière ?

Sur une table face à l’audience, Elodie a disposé tout un tas d’objets curieux : 3 pommes, 3 noix, une planche de bois, 2 pics en bois, un bout de ficelle, un thermomètre, un oxymètre, des feuilles blanches, un briquet, un bol contenant une infusion bleue aux fleurs de pois de senteur. L’enceinte
diffuse le Coup de soleil de Richard Cocciante. Sur le sol, la comédienne a laissé traîner une paire d’escarpins noirs à hauts talons. Dans le coin près de la fenêtre se trouve une valise. « Mais tu n’es pas là, et si je rêve tant pis, quand tu t’en vas, j’dors plus la nuiiiiit » Un monsieur chante au son de la musique.

Patients, soignants, tout le monde est enfin installé. La conférence commence. La comédienne invite le public à « traverser ensemble des états amoureux ». Elodie revêt ses chaussures, « les chaussures de la passion », explique-t-elle. Elle joue un à un les différents états amoureux : la joie, la tristesse, le chagrin, la rage, le sentiment d’abandon. Ensuite, place aux travaux pratiques sur l’amour : la comédienne invite le public à faire un « rituel magique » : écrivez sur le bout de papier une intention envers quelqu’un que vous aimez. Les formules magiques sont ensuite lues à haute voix : « Sophie, je veux que tu arrêtes de tout ranger », « Batman, je veux que tu me tisses une toile et que tu m’emmènes dans ta voiture volante », « Thierry je veux que tu me fasses danser toute la vie ». La formule semble fonctionner car la performance se termine par une invitation à la danse. Quelques personnes se lèvent et rejoignent Elodie pour danser.

TROIS QUESTIONS À …
Thierry Vandersluys, danseur en charge de l’action artistique à l’EPSM des Flandres

Thierry est artiste, danseur en charge de l’action artistique à l’EPSM des Flandres depuis 12 ans.

En quoi consiste ton métier de délégué culturel de l’EPSM ?
Je préfère le terme de catalyseur artistique. Alors en quoi ça consiste ? Je dirais que c’est faire converger les personnes vers un même point et redonner de l’horizontalité à l’intérieur de l’hôpital. Le message artistique s’adresse à tout le monde : patients, soignants, cadres, cadres sup, directeurs etc. Concrètement, dans mon métier il n’y a pas de semaine type. Le but c’est de rester en mouvement auprès de toutes ces personnes. On amène le feu d’artifice près des gens. On fait venir des artistes pour des impromptus ou des résidences. On est aussi une plateforme disponible pour les artistes qui veulent faire de la recherche, les accompagner et les impulser dans leurs délires. C’est créer un espace confortable pour tout le monde où les personnes se sentent libres d’agir et d’être.

Selon toi, quelle place devrait occuper l’art dans le milieu hospitalier ?
Je pense qu’il faut voir l’hôpital comme un espace de présence artistique, notamment grâce à des résidences. Il faut de la place pour le geste artistique et faire converger et dialoguer autour. Le spectacle est partout. Il faut ouvrir les yeux et le spectacle est là. Il faut donner la possibilité aux artistes de faire des propositions et ensuite, nous faisons venir le public là où les artistes sont, et vice versa. Tout comme les artistes viennent là où le public est. Laisser libre les artistes et ne pas leur donner à faire. J’aimerais être à l’essence de ce dispositif-là. Comment ouvrir les isolements  ? Ouvrir les murs, en faire des espaces d’expérimentations pour les étudiants infirmiers, les étudiants en école d’art, ou encore les étudiants éducateurs. J’aimerais que les publics puissent se rencontrer, se mélanger et se poser des questions ensemble.

Quel projet rêverais-tu de mettre en place dans le futur ?
J’aimerais qu’il y ait un EPSM spécialisé sur la danse et le mouvement. Ce serait super. Il y a beaucoup de personnes qui s’interrogent sur le mouvement en France comme à l’international. Toutes les techniques de danse postmoderne peuvent permettre de repenser l’hôpital en termes de sensations. L’EPSM pourrait devenir un centre de ressources qui organiserait des stages, des résidences, des rencontres avec tous les acteurs du réseau de la danse et du mouvement en psychiatrie.

Performance et pratique théâtrale

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“PHILTRES D’AMOUR est une performance réalisée à partir de travaux sur la passion amoureuse. Investigation au long cours, nous proposons ici une dramaturgie créée à partir de sources bibliographiques, d’interviews, d’enquêtes de terrain, de collaborations scientifiques et d’autofiction. Inspirés par les travaux de l’ethnopsychiatre Tobie Nathan, tout particulièrement de son essai Philtre d’Amour, de ceux du botaniste Jean Marie-Pelt sur « les drogues et plantes magiques », de ceux de la sociologue Eva Illouz sur les dépendances affectives, par nos propres perditions et expérimentations, nous exposerons, en connaissance de cause, l’étendue de nos investigations. Elodie Segui s’est intéressée de près aux mécanismes en œuvre au cœur de la passion, à ses désastres et renaissances possibles, ainsi qu’à la grande famille des Zars, des Djinns, aux autres cultes perdus ; aux sortilèges, parfums, prières, rites et paroles ésotériques afin de proposer ici un road-movie amoureux en forme de théâtre documentaire de l’intime.”

Elodie Ségui propose la diffusion de sa performance “philtres d’amour” accompagnée d’un atelier de pratique théâtrale à destination des usagers des 4 EPSM, qui constituent le GHT Psy Nord et Pas-de-Calais.

Les impromptus se déroulent d’avril à juin 2022.

 

Des expériences chorégraphiques et musicales avec Melting Spot..

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La Compagnie Melting Spot propose trois formes d’intervention dans le cadre de Plaines Santé :

Le trio « De vous à moi », composé d’un/e musicien/ne et de deux danseurs/euses, part à la rencontre des usagers des Établissements Publics de Santé Mentale du Groupement Hospitalier de Territoire psychiatrie Nord et Pas-de-Calais. Cette performance mêle expérience musicale et chorégraphique dans une relation intime à travers la relaxation sonore et l’éveil corporel. L’équipe intervient sur le principe de composition spontanée mis en espace par notre chorégraphe, Farid Berki. Le dispositif met un accent fort sur la proximité des artistes et du public ainsi que sur l’interactivité de la proposition.

« Il suffit d’un regard, d’un souffle, d’un geste, d’un son pour donner naissance à une phrase ou un paragraphe. » Farid Berki

L’équipe artistique propose une balade à travers des chansons de répertoire qui, comme un mot doux glissé à l’oreille, vient faire écho chez l’autre. La danse n’est pas simplement dans l’invitation mais aussi dans la réception, allant vers une gestique sensible et poétique. Elle s’appuie sur un climat sonore et de relation à l’autre. De Bach aux Balkans, de Gainsbourg à Gilberto Gil, de Bob Marley à Bourvil, nous offrons un voyage initiatique dans l’échange et dans sa traduction corporelle et musicale.

Farid Berki, chorégraphe de la compagnie Melting Spot, pose le cadre artistique dans lequel peuvent évoluer nos artistes musicien/nnes et danseurs/euses de manière totalement libre. Pour ce projet, nous sommes entourés d’artistes ouverts et expérimentés afin de permettre au public une immersion totale dans le dispositif.

Les réunions mouvementées, sont des temps de rencontres proposés aux agents du Groupement Hospitalier de Territoire de Psychiatrie, autour de la pratique de la danse. Ces impromptus permettent d’expérimenter le mouvement tout en participant à une réunion de corps et de coeur. Cette proposition est accompagnée par deux danseurs de la compagnie et l’accordéoniste Laure Chailloux.

Dans le cadre de la sortie de résidence de la nouvelle création de la compagnie, “RESET”, l’ensemble des usagers du GHT de psychiatrie ont été invité à découvrir et échanger autour de cette étape de travail.