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Centre l’Espoir 2020/2021

De multiples formes participatives pour les impromptus du Centre l’Espoir

By | Centre l'Espoir 2020/2021 | 2,437 Comments

Rendez-vous en septembre pour le début des impromptus…

Les impromptus proposés par le collectif La Meute sont des petites formes participatives, en lien avec l’opéra participatif Le Furieux. Elles sont gratuites pour les participants et le public, se co-construisent avec les structures associées. Les interventions durent entre 20 et 40 minutes. En fonction des espaces, des possibilités techniques, des protocoles sanitaires en vigueur, des participants et du public, plusieurs propositions sont possibles.

Pour le Centre l’Espoir, voici les différentes actions à venir :

  • Un Choeur Parlé

Nous travaillons ici sur la résistance des corps, sur la résilience d’un être, sur la possibilité de s’appuyer sur le groupe pour créer un espace de parole. Une réappropriation de sa gorge, de la parole, la reconquête de l’espace public. Ces mots enfin retrouvés sont scandés, assénés, adressés directement au public, qui est pris à parti par les choreutes. Les participants s’expriment à l’unissons, comme une seule entité plutôt qu’un groupe d’individus.

  • Le remembré

En lien avec le travail des orthoprothésistes, la réinvention d’une figure extraordinaire du projet Furieux : le remembré. Réalisé comme une sorte de surhomme, d’épouvantail sensé éloigner les personnes malintentionnées, comme une conjuration de la violence du démembrement. Un rituel qui s’appuie sur le vécu des personnes amputées qui sont en rééducation au Centre
l’Espoir.

  • Le messager guttural

Nouvelle rencontre, nouvelles sonorités. Cette figure du Furieux s’exprime à travers des sons inconnus, des râles et sons gutturaux qui composent un langage. En collaboration avec les orthophonistes, une façon d’entendre autrement les sons produits grâce à des capteurs qui en amplifient les vibrations.

“Impromptus artistiques au Centre l’Espoir” Témoignage de Sylvain Pistone, animateur culturel

By | Centre l'Espoir 2020/2021

“Intense, majestueux, magique. Les adjectifs manquent pour raconter les impromptus artistiques proposés par le collectif La Meute qui ont eu lieu ce week-end au Centre L’ESPOIR.

Dans le cadre du dispositif Plaine Santé ( Plaines Santé est un programme de diffusion artistique impulsé en 2020 par la DRAC Hauts-de-France dans le cadre du programme Culture-Santé – avec la participation du BIP), le collectif d’artistes de composé de Sylvain Rabourdin (Composition prodigieuse, violon magistral et chant puissant), de Claire Pasquier (Mise en scène), de Sarah Thery (chanteuse lyrique céleste) et de Grégoire Plancher (régie son et lumière) a offert divers ateliers aux patients du Centre ainsi qu’à leur famille. Une expérience riche pour découvrir le monde de l’opéra. Atelier de chœur parlé et/ou chanté, utilisation du « Looper » qui permet de répéter une séquence musicale, chacune et chacun ont pu apprivoiser l’univers de l’opéra en préparation.

Le collectif propose une immersion interactive autour de son futur opéra « Le furieux ». Tous ont été surpris de l’intensité qui peut se produire des vibrations chantées. Une porte d’entrée efficace dans le monde lyrique et musical. Le festival se poursuit la semaine prochaine.”

Sylvain Pistone, animateur culturel

L’Opéra fait meute au Centre L’Espoir à Hellemmes

By | Centre l'Espoir 2020/2021

Le collectif La Meute a investi deux weekends consécutifs le Centre de rééducation L’Espoir à Hellemmes dans le cadre du dispositif Plaines Santé. Le temps de six après-midis, les artistes ont invité les patients dans l’univers de leur opéra participatif. La pièce intitulée Furieux, s’inspire de l’histoire du dieu grec Dionysos.

Dimanche 5 septembre 2021, les températures sont estivales. Claire, Sarah, Sylvain et Grégoire s’installent à l’entrée du centre Espoir à Hellemmes, à l’ombre d’un arbre. L’atelier ne va pas tarder à commencer et les premiers patients s’installent avec enthousiasme. La plupart ont suivi les ateliers des jours précédents et semblent conquis.

Les artistes discutent entre eux avant le début de l’atelier. « Je dirais que l’on prend un temps pour s’échauffer la voix, après on part sur le chant d’amour et la guerre », propose Sarah Théry, chanteuse lyrique. « C’est bien de commencer par le sound painting, ça fonctionne toujours bien », renchérit Sylvain Rabourdin, violoniste et un des compositeurs de la pièce. « Très bien, échauffement, prénoms et ensuite guerre et chant d’amour », acquiesce Claire Pasquier, la metteuse en scène. Tout le monde est prêt. Les artistes regagnent leurs chaises. Grégoire, l’ingénieur son, s’installe derrière la sono.

« Merci d’être venus aussi nombreux », remercie Claire avant de présenter le projet pour les nouveaux participants : « Comme son nom l’indique, un opéra participatif nécessite des participants. Et bien aujourd’hui, c’est vous ! »

L’ambiance est rieuse et joyeuse. Une quinzaine de patients sont venus au rendez-vous. Sarah entame l’échauffement en invitant le petit groupe à se masser le nez, les pommettes, les tempes … « Allez, il fait chaud, on est bien, on est entre amis et on se masse les tempes ». Tout le monde rit et l’échauffement se poursuit dans la bonne humeur.  Même Sylvain Pistone, le médiateur culturel du centre participe à l’échauffement – tout aussi motivé que ses patients. C’est un peu normal : l’opéra, c’était son idée.

« L’opéra c’est pour tout le monde »

« Mon rôle est de faire le lien entre le monde de la culture et le monde de la santé, explique l’animateur après l’atelier. J’avais très envie de travailler autour de l’opéra, poursuit-il. Depuis que j’ai découvert des mises en scène incroyables à Tourcoing, je suis devenu fan de cet art pourtant pas très populaire. Nous sommes désormais en lien avec L’Atelier Lyrique de Tourcoing pour mener des activités avec les patients. J’ai donc sauté sur l’occasion en découvrant ce que proposait La Meute dans le cadre de Plaines Santé. Travailler la voix me paraît intéressant, surtout avec des personnes aphasiques, cela déclenche une autre forme de communication. »

L’échauffement se poursuit avec le sound painting, un langage gestuel qui permet de créer de véritables « peintures sonores ». Tour à tour, les participants deviennent chefs d’orchestre, et d’un geste, ils commandent un son ensuite entonné par l’ensemble du groupe.

Le chœur est désormais prêt à répéter deux passages de l’opéra : le chant de la guerre et le chant d’amour. La plupart l’ont déjà chanté la veille. « Quel beau chœur » s’exclame Sylvain, le violoniste, à la fin du chant. Pour Claire, la metteuse en scène, les choristes ont fait leurs preuves : « On fait la scène entière de la guerre j’espère que vous êtes prêts ! » Divisés en deux camps, les chanteurs sont prêts. Grégoire lance la musique. C’est parti.

C’est intense. Quelques personnels soignants ont passé leur tête par les fenêtres du centre pour applaudir.  « Bon on va faire la paix avant de se quitter quand même ! », propose Claire. Sylvain sort son violon et entame l’introduction du chant d’amour, le moment où Dionysos tombe amoureux après avoir surmonté tant de souffrances. Les yeux sont rivés sur le musicien. Même les roses du jardin semblent saisies par la beauté du moment. Puis, le chœur entame les répétitifs « J’ai essayé », pendant que Sarah emporte le groupe sous sa voix lyrique.

Benjamin est subjugué, « C’est magnifique » dit-il ému en applaudissant à la fin. « C’est trop fort , je voyais cela à la télé et là on voit ça en vrai ». Cet ancien judoka est hospitalisé depuis quatre semaines pour une opération du genoux. Il a participé à tous les ateliers du collectif : « Je voyais les feuilles en haut de l’arbre qui vibraient quand Sarah s’est mis à chanter ». Les autres rient. « On est parti loin » renchérit Estelle.

« La bonne nouvelle c’est que l’on se revoit la semaine prochaine », lance Claire. « Vous voyez que l’opéra est pour le monde », dit Sylvain Pistone, le médiateur culturel, fier du succès de l’atelier.

Véronique, elle, a découvert « un opéra moderne » qui l’a mis de bonne humeur. Pour Gérard, l’atelier lui a permis de passer un bon moment avec son épouse venue lui rendre visite. « C’est la deuxième fois que je chante dans ma vie, précise-t-il, la première fois c’était lors d’un karaoké au camping ».

« C’est vraiment prenant, confie Jacques, en pleine discussion avec Sarah, la chanteuse. J’ai plutôt une culture rock, et je ne chante jamais ailleurs que dans ma salle de bain, mais là c’était très bien. On est vraiment bien ici, On a l’habitude de faire des choses ensemble, c’est énorme. » Ce que ne contredira pas Véronique, les larmes aux yeux : « Ici, on est tous pareil, on se comprend, on est une vrai famille ».

Une chose est sûre, « y’a un truc qui vibre ici, c’est fort », acquiesce Claire. Et au vu de l’énergie de son médiateur culturel, et des patients, le Centre Espoir à Hellemmes n’est pas prêt de s’arrêter de vibrer.