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Kaléidoscopes, fauteuils d’eau, clochettes et musique traditionnelle !

By | 2021/2022

Pour la deuxième saison de Plaines Santé, le duo Les Beaux Jours, formé par Rachel Bazoge et Gabriel Lenoir, a posé ses valises à l’EMSP de l’Oise, pour une série d’impromptus musicaux. 

« – Bonjour et bienvenus ! Je m’appelle Rachel. – Et moi je m’appelle Gabriel. – Nous allons commencer par une musique en flamand… »

Les deux violonistes se lèvent au milieu de la salle Snoezelen, un espace d’éveil sensitif de l’Institut Médico-Professionnel de Ribécourt-Dreslincourt dans l’Oise. Les notes de musique viennent se loger dans la matière : les bulles colorées de la colonne d’eau semblent frémir en rythme, accompagnée par les mouvements lents des liquides multicolores du kaléidoscope mural. La lumière tamisée et l’atmosphère si particulière du lieu enveloppent le public et les musiciens dans une bulle de douceur.

Et le public est restreint ce matin-là : trois jeunes, Nathalie, Anaïs et Anthony, accompagnés de leur infirmière. L’impromptu est une surprise. Leur timidité initiale s’estompe rapidement. Voilà que Nathalie se lève pour danser main dans la main avec son infirmière. Les musiciens dansent à leur tour. Anaïs est submergée par une vague d’émotions. Assise confortablement sur un gros pouf entouré de fils fluorescents, elle filme la scène. « C’est la première fois que je vois des musiciens en vrai », confie-t-elle.

« On va terminer par une polka flamande ». Anaïs et Anthony se lèvent à leur tour pour danser en ronde avec Nathalie. La musique se termine. Les jeunes remercient les musiciens et non sans regret, quittent la salle. Dans la pièce d’à côté, ils remettent leurs chaussures tranquillement, encore émus. « C’était tellement bien, j’ai beaucoup aimé » s’enthousiasme Anaïs, « J’ai pleuré parce que je trouvais ça beau ». Pour l’infirmière, la surprise est réussie : « c’est une salle où on a l’habitude de venir stimuler le corps dans l’espace, ou de s’offrir un moment de relaxation. Là on a dansé, c’était parfait ! »

Challenge réussi également pour le duo de violonistes. « Notre programme est un réservoir de musiques et de postures avec une grande part d’improvisation, explique Gabriel, on s’adapte à l’atmosphère et au public ». « On se sert du lieu pour le faire voir autrement, poursuit Rachel, on le met en valeur et il nous met en valeur ». Dans le cadre de leur collaboration avec l’IMPro, le duo expérimente ainsi plusieurs lieux : EHPAD, appartements-relais, jardins du lycée horticole, service de restauration de l’hôpital de Compiègne. 

« Dans les EHPAD, il y a eu des moments très intenses, se souvient Rachel. Au lycée horticole, les jeunes ont tous fini par venir danser. Et là aujourd’hui, il y a eu Anaïs : pendant la berceuse, mon regard était planté dans le sien. C’était un moment très joli. Elle m’a accrochée. C’était intense »

« Il y a toujours beaucoup d’émotions lors des impromptus, explique Jacqueline Gomes, la Directrice de l’établissement, d’autant plus qu’on leur fait la surprise à chaque fois. ». L’objectif est toujours le même : « offrir aux jeunes des moments qu’ils n’auraient pas l’occasion de vivre ailleurs » ajoute Emmanuel Delahaye, chef de service et responsable de l’organisation des impromptus. Pour l’établissement, c’est sa première participation à Plaines d’été. L’année dernière, ils avaient accueilli un artiste en résidence. « Les deux dispositifs se complètent très bien, se félicite la Directrice, nous continuerons. »

Dessiner ensemble à l’IME de la Tombelle du Groupe Ephèse

By | 2021/2022

Cédric Pierre, artiste graphiste et designer a investi l’IME La Tombelle du Groupe Ephèse à Saint-Quentin pour quinze jours en ce début de mois d’avril 2022. Deux semaines pour dessiner, collecter, et rassembler les créations des jeunes dessinateurs dans un ou plusieurs petits objets livres.

« Alors on va travailler un peu différemment qu’hier : je vous ai ramené des livres. Vous allez choisir des images dedans et les dessiner », lance Cédric Pierre au petit groupe de jeunes venu assister à l’atelier du jour. L’ambiance est joviale, un brin cacophonique le temps que la joyeuse bande s’installe. Depuis le début de la semaine, les enfants et l’artiste se donnent rendez-vous tous les après-midis pour une séance de dessin dans le but de coréaliser une petite édition collective. Une pile de feuilles gribouillées est placée en bord de table, fruit de leur collaboration.

Cédric Pierre est graphiste et designer, basé à Paris, et originaire de la région. « J’ai ramené des choses pour qu’ils se sentent à l’aise de produire et de dessiner » explique Cédric. Il s’agit pour le moment d’une mise en bouche, le plus gros du travail se fera la semaine suivante, lorsque l’artiste viendra les accompagner toute la journée. Dans le livre final, il y aura des dessins et des mots : « ce sera par exemple le nom de certaines villes, des noms ressortis de leurs bouches pendant l’atelier ».

Daniel a dessiné un robot, inspiré d’une des esquisses du « livre bleu ». L’ouvrage est une édition que Cédric a réalisée avec son amie et artiste Paquita dans le cadre du dispositif Plaines d’été, un autre programme d’impromptus culturels financés par la DRAC des Hauts-de-France. « On a collecté des dessins et des témoignages sur la notion du « beau ». On se promenait, on posait des questions aux habitants et on enregistrait leurs réponses. On a ensuite assemblé les deux matières pour en faire un livre », explique Cédric entre deux consignes. Ici, à l’IME, Cédric utilise la même démarche. Il a de nouveau revêtu son costume de collecteur : pas d’enregistrement cette fois,  « ce sera des images et des dessins essentiellement ».

Mathéo est très concentré. Le voilà qu’il dessine à la fenêtre. Quelques minutes plus tard, il chiffonne sa feuille. « – Je n’ai pas réussi » ! ». « -Tu me montres quand même ? » « – Nan, je vais le refaire en mieux ! ». Sofia chante « sur le pont d’Avignon », pendant qu’Anis trouve une Nième idée : « Je vais dessiner un train en forme de bouteille … ce sera un train bourré ! ». Les autres rient avec lui.

Cédric invite les jeunes à repasser leurs dessins au feutre noir pour faciliter la reproduction dans le livre. Sofia s’est endormie dans le canapé. Kevin fait des acrobaties avec ses bras pour faire rire la galerie. Les autres dessinent encore. « Ils ont insisté pour revenir aujourd’hui, explique une des éducatrices, ils devaient aller en sport, et ils ont préféré dessiner. Le dessin ça leur permet d’exprimer ce qu’ils ressentent, en général ils et elles aiment beaucoup. Mais pour certains, c’est une révélation : Kylian n’est pas quelqu’un qui se met à table et qui dessine habituellement. Or là, il le fait et il est doué en plus ! »

Pour Cédric, l’intérêt est double : rencontrer d’autres publics en dehors du milieu de l’art contemporain parisien et amener de la création et de la réflexion par la création dans les lieux où il est moins commun de le faire. « Ils ont l’habitude de dessiner, précise Cédric, mais là, je leur propose une mise en commun. Pour le moment, il y a une super réception. Il y a quelque chose de très sincère dans leur manière de communiquer leurs émotions. » Le résultat final s’annonce prometteur.

« Impromptus artistiques au Centre l’Espoir » Témoignage de Sylvain Pistone, animateur culturel

By | 2020/2021

« Intense, majestueux, magique. Les adjectifs manquent pour raconter les impromptus artistiques proposés par le collectif La Meute qui ont eu lieu ce week-end au Centre L’ESPOIR.

Dans le cadre du dispositif Plaine Santé ( Plaines Santé est un programme de diffusion artistique impulsé en 2020 par la DRAC Hauts-de-France dans le cadre du programme Culture-Santé – avec la participation du BIP), le collectif d’artistes de composé de Sylvain Rabourdin (Composition prodigieuse, violon magistral et chant puissant), de Claire Pasquier (Mise en scène), de Sarah Thery (chanteuse lyrique céleste) et de Grégoire Plancher (régie son et lumière) a offert divers ateliers aux patients du Centre ainsi qu’à leur famille. Une expérience riche pour découvrir le monde de l’opéra. Atelier de chœur parlé et/ou chanté, utilisation du « Looper » qui permet de répéter une séquence musicale, chacune et chacun ont pu apprivoiser l’univers de l’opéra en préparation.

Le collectif propose une immersion interactive autour de son futur opéra « Le furieux ». Tous ont été surpris de l’intensité qui peut se produire des vibrations chantées. Une porte d’entrée efficace dans le monde lyrique et musical. Le festival se poursuit la semaine prochaine. »

Sylvain Pistone, animateur culture

L’Opéra fait meute au Centre L’Espoir à Hellemmes

By | 2020/2021

Le collectif La Meute a investi deux weekends consécutifs le Centre de rééducation L’Espoir à Hellemmes dans le cadre du dispositif Plaines Santé. Le temps de six après-midis, les artistes ont invité les patients dans l’univers de leur opéra participatif. La pièce intitulée Furieux, s’inspire de l’histoire du dieu grec Dionysos.

Dimanche 5 septembre 2021, les températures sont estivales. Claire, Sarah, Sylvain et Grégoire s’installent à l’entrée du centre Espoir à Hellemmes, à l’ombre d’un arbre. L’atelier ne va pas tarder à commencer et les premiers patients s’installent avec enthousiasme. La plupart ont suivi les ateliers des jours précédents et semblent conquis.

Les artistes discutent entre eux avant le début de l’atelier. « Je dirais que l’on prend un temps pour s’échauffer la voix, après on part sur le chant d’amour et la guerre », propose Sarah Théry, chanteuse lyrique. « C’est bien de commencer par le sound painting, ça fonctionne toujours bien », renchérit Sylvain Rabourdin, violoniste et un des compositeurs de la pièce. « Très bien, échauffement, prénoms et ensuite guerre et chant d’amour », acquiesce Claire Pasquier, la metteuse en scène. Tout le monde est prêt. Les artistes regagnent leurs chaises. Grégoire, l’ingénieur son, s’installe derrière la sono.

« Merci d’être venus aussi nombreux », remercie Claire avant de présenter le projet pour les nouveaux participants : « Comme son nom l’indique, un opéra participatif nécessite des participants. Et bien aujourd’hui, c’est vous ! »

L’ambiance est rieuse et joyeuse. Une quinzaine de patients sont venus au rendez-vous. Sarah entame l’échauffement en invitant le petit groupe à se masser le nez, les pommettes, les tempes … « Allez, il fait chaud, on est bien, on est entre amis et on se masse les tempes ». Tout le monde rit et l’échauffement se poursuit dans la bonne humeur.  Même Sylvain Pistone, le médiateur culturel du centre participe à l’échauffement – tout aussi motivé que ses patients. C’est un peu normal : l’opéra, c’était son idée.

« L’opéra c’est pour tout le monde »

« Mon rôle est de faire le lien entre le monde de la culture et le monde de la santé, explique l’animateur après l’atelier. J’avais très envie de travailler autour de l’opéra, poursuit-il. Depuis que j’ai découvert des mises en scène incroyables à Tourcoing, je suis devenu fan de cet art pourtant pas très populaire. Nous sommes désormais en lien avec L’Atelier Lyrique de Tourcoing pour mener des activités avec les patients. J’ai donc sauté sur l’occasion en découvrant ce que proposait La Meute dans le cadre de Plaines Santé. Travailler la voix me paraît intéressant, surtout avec des personnes aphasiques, cela déclenche une autre forme de communication. »

L’échauffement se poursuit avec le sound painting, un langage gestuel qui permet de créer de véritables « peintures sonores ». Tour à tour, les participants deviennent chefs d’orchestre, et d’un geste, ils commandent un son ensuite entonné par l’ensemble du groupe.

Le chœur est désormais prêt à répéter deux passages de l’opéra : le chant de la guerre et le chant d’amour. La plupart l’ont déjà chanté la veille. « Quel beau chœur » s’exclame Sylvain, le violoniste, à la fin du chant. Pour Claire, la metteuse en scène, les choristes ont fait leurs preuves : « On fait la scène entière de la guerre j’espère que vous êtes prêts ! » Divisés en deux camps, les chanteurs sont prêts. Grégoire lance la musique. C’est parti.

C’est intense. Quelques personnels soignants ont passé leur tête par les fenêtres du centre pour applaudir.  « Bon on va faire la paix avant de se quitter quand même ! », propose Claire. Sylvain sort son violon et entame l’introduction du chant d’amour, le moment où Dionysos tombe amoureux après avoir surmonté tant de souffrances. Les yeux sont rivés sur le musicien. Même les roses du jardin semblent saisies par la beauté du moment. Puis, le chœur entame les répétitifs                       « J’ai essayé », pendant que Sarah emporte le groupe sous sa voix lyrique.

Benjamin est subjugué, « C’est magnifique » dit-il ému en applaudissant à la fin. « C’est trop fort , je voyais cela à la télé et là on voit ça en vrai ». Cet ancien judoka est hospitalisé depuis quatre semaines pour une opération du genoux. Il a participé à tous les ateliers du collectif : « Je voyais les feuilles en haut de l’arbre qui vibraient quand Sarah s’est mis à chanter ». Les autres rient. « On est parti loin » renchérit Estelle.

« La bonne nouvelle c’est que l’on se revoit la semaine prochaine », lance Claire. « Vous voyez que l’opéra est pour le monde », dit Sylvain Pistone, le médiateur culturel, fier du succès de l’atelier.

Véronique, elle, a découvert « un opéra moderne » qui l’a mis de bonne humeur. Pour Gérard, l’atelier lui a permis de passer un bon moment avec son épouse venue lui rendre visite. « C’est la deuxième fois que je chante dans ma vie, précise-t-il, la première fois c’était lors d’un karaoké au camping ».

« C’est vraiment prenant, confie Jacques, en pleine discussion avec Sarah, la chanteuse. J’ai plutôt une culture rock, et je ne chante jamais ailleurs que dans ma salle de bain, mais là c’était très bien. On est vraiment bien ici, On a l’habitude de faire des choses ensemble, c’est énorme. » Ce que ne contredira pas Véronique, les larmes aux yeux : « Ici, on est tous pareil, on se comprend, on est une vrai famille ».

Une chose est sûre, « y’a un truc qui vibre ici, c’est fort », acquiesce Claire. Et au vu de l’énergie de son médiateur culturel, et des patients, le Centre Espoir à Hellemmes n’est pas prêt de s’arrêter de vibrer.

Rendez-vous dans la cachottière pour … chut ! C’est un secret

By | 2020/2021

Jeudi 16 septembre 2021, la compagnie de théâtre Protéo a déposé sa mystérieuse cachottière dans les jardins de l’EPSM. Le spectacle, écrit et mis en scène par Louise Wailly, est interprété par Camille Dupond et Myriam Mairey, dans les rôles respectifs d’Aloysius et Blueberry.

Le rituel est presque toujours le même : Aloysius, énigmatique, est reclue dans la cachottière. Qui est-elle ? Que fait-elle ? que délivre-t-elle de si singulier aux personnes qui passent cinq minutes avec elle ? Personne ne le sait. A l’extérieur, sa secrétaire, Blueberry , invite les passants, patients ou personnels soignants à rentrer.

Certains ont pris rendez-vous. D’autres passaient par-là par hasard et avaient été émis par la mystérieuse cabane en bois posée dans le jardin. La cachottière ne laisse pas le visiteur indifférent. Ornée d’étranges inscriptions noires peintes sur fond blanc, impossible de dire si cette capsule nous vient du passé, du présent ou directement du futur. Soudain, Blueberry , parée de sa tenue blanche et noire futuriste, et de sa crête sur la tête avance vers un patient. Elle l’accompagne pour faire le tour de la cachottière, puis ouvre la porte grinçante et l’invite à rentrer « Attention à ne pas vous perdre » dit-elle en refermant doucement la porte. Et oui, les espaces ne sont pas toujours aussi petits qu’ils y paraissent. Le patient ressort après cinq minutes, visiblement content, le sourire aux lèvres.

Les rendez-vous s’enchaînent, et impossible de savoir ce qu’il s’y passe. Et pourtant, toujours le même sourire à la sortie. On entend bien une voix, il semblerait qu’on raconte au visiteur une histoire, mais laquelle ? « C’est secret, on ne peut pas le dire, c’est un moment rien que pour le visiteur », répond mystérieusement Blueberry, incarnée par Myriam Mairey, comédienne. « Je souhaite ce spectacle comme un cadeau. Je souhaite offrir un espace où l’art est salvateur, où il permet de se regarder et de regarder l’autre sans avoir peur et en s’amusant », explique Louise Wailly, metteuse en scène et créatrice de la cachottière

Une cachottière créée à l’EPSM des Flandres

« Les artistes sont venus en juin à l’EPSM des Flandres à Bailleul afin de créer la cachottière, explique Pierre Vandevoorde, chargé de communication de l’EPSM, on a donc vu l’apparition de cette boîte et sa conception ». Modeste Richard y a peint les peintures d’inspiration tribales sur les murs. « C’est toujours intéressant de donner accès à ce genre de dispositifs à nos patients et au personnel, poursuivre Pierre Vandevoorde, c’est un moment privilégié pour eux, une tête à tête avec l’artiste qui instaure un lien très fort ». Et certaines personnes ressortent chamboulées. « Certaines ressortent avec le sourire, d’autres pleurent, sont émues, racontent Bueberry (Myriam Mairey). A Hénin-Beaumont par exemple, on avait des personnes qui avaient du mal à ressortir tant elles étaient bien à l’intérieur. »