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Le B.I.P Arts et Santé

Construire « l’espoir avec des rêves et des désirs » à Raimbeaucourt

By | Centre Hélène Borel 2022/2023

Vendredi 24 mars 2023, Neebiic et Camille Gallard ont investi le centre Hélène Borel à Raimbeaucourt pour une journée d’impromptus artistiques. Les résidents du lieu ont assisté heureux et heureuses aux déambulations musicales de Neebiic, et au ciné-concert On a roulé sur la lune, avec le film documentaire de Camille Gallard, mis en musique par Neebiic.

« Aujourd’hui, ça va être une grosse journée ! », lance Mathieu, le référent culture de l’établissement. Assisté de Mehdi, bénévole et résident du foyer situé à Arleux, Mathieu accompagne les artistes le temps de leur journée d’intervention. La matinée est déjà bien entamée, et Neebiic (Ludivine Vandenbroucke et Adrien Fontaine) sont en train d’installer leur attirail pour le ciné-concert : claviers, fils électriques, pédales. Dans le coin à droite de l’entrée, l’écran est prêt à recevoir les images du film de Camille Gallard. Ce sera pour cet après-midi. Pour le moment, place à une déambulation musicale dans plusieurs services du centre.

Il est bientôt 11h00. Ludivine et Adrien enfilent les bretelles de leur accordéon. La bruine a cessé. Les artistes en profitent pour quitter la salle polyvalente : direction l’accueil de jour à quelques pas de là. On passe un pont au-dessus d’une petite rivière. Les arbres bourgeonnent très timidement encore en cette fin d’hiver, mais les quelques rayons de soleil qui passent à travers les nuées dessinent l’esquisse printanière du lieu.

Déambulations

Dans les couloirs de l’accueil de jour, l’ambiance est calme. Une partie des résidents sont en atelier de cuisine dans un autre bâtiment. Cinq personnes rejoignent les artistes. On s’assoit autour d’une table. Neebiic prend place également. Le temps d’un interlude, Camille entame la lecture d’un de ces textes sur le cinéma : «[…] Je préfère de loin le cinéma qui se présente devant nous avec l’honnêteté de fabriquer des images […] ». Le public écoute attentif. La lecture donne des envies à Francky, résident du lieu, « compositeur, interprète, slameur à plein temps ». Il sort de son sac à dos un carnet où il écrit ses textes. D’une voix assurée, il succède à Camille pour une seconde lecture : « Il est 10h20 et je viens de me lever. Soudain, je me mets à rêver […] ». La petite audience applaudit les deux lecteur et lectrice. Neebiic entame un dernier morceau avant de rejoindre l’aile d’un autre bâtiment… l’allée des coquelicots.

Dans cette allée, les résidentes sont alitées. Leur handicap les empêche de se mouvoir. À l’entrée de la chambre de Marianne, on peut lire sur la porte « Tok Tok Tok Rock ». On « toque », le visage de Marianne s’illumine d’un sourire. Elle arrête sa partie de solitaire pour profiter pleinement du cadeau que Neebiic est en train de lui offrir : la chanson Que je t’aime de Johnny Hallyday, revisitée à l’accordéon. Marianne chantonne en balançant la tête. Marianne est une grande fan de Johnny. Sa chambre est décorée de plusieurs posters et figurines du chanteur. Après le passage des musiciens, elle raconte qu’elle l’a vu trois fois en concerts : à Cambrai, à Lille, et à Paris !

« Rouler sur la lune »

Après le déjeuner, Mathieu ferme les rideaux pour la projection. Il est bientôt 14h00, et les résidents viennent de prendre place dans la salle polyvalente, face à l’écran. Ludivine et Adrien s’installent derrières leurs claviers.

« Bonjour à tous ou rebonjour. Je suis Camille Gallard, la réalisatrice du film que l’on va voir après. Et je suis accompagnée de Neebiic, les musiciens Ludivine Vandenbroucke et Adrien Fontaine. Je vais vous lire un petit texte pour ouvrir le bal de mes films. » L’audience est calme et attentive. « J’ai réalisé ce film lors d’une résidence à l’IEM St Exupéry à Amiens en 2019. […] Ma caméra me permet d’être en apesanteur le temps d’un tournage. Le film ne m’appartient plus, il est à vous, et il est vivant avec les musiciens aujourd’hui. »

La musique commence. Silence dans la salle. Les yeux sont rivés vers l’écran. Les 18 spectateurs et spectatrices réagissent à plusieurs reprises, notamment quand le jeune Dylan, 14 ans, déclame à la caméra tout l’amour qu’il ressent pour son amoureuse.

« C’était bien réalisé, les enfants sont vraiment émouvants. C’était bien fait. », réagit une résidente à la fin du film. « Moi, cela me rappelle quand j’étais jeune avec mon copain de l’époque. Mon père aller me conduire chez lui. Nous vivions la même chose que ces enfants », raconte une autre visiblement émue. Les échanges se poursuivent pendant un bon moment après le film. Pari réussi !

Interviews croisées 

Neebiic / Camille Gallard

Quels sont vos ressentis juste après la performance ?

Ludivine : J’ai trouvé ça assez émouvant. Cela faisait longtemps que l’on n’avait pas joué le ciné-concert donc c’était déjà un plaisir de le refaire ! Et puis, d’entendre les réactions des gens attendris : c’était mignon. Et puis, nous on a bien joué avec Adrien donc on est content de la performance !

Camille : Moi aussi, je suis émue d’avoir ces retours positifs, de voir que le film touche des personnes en dehors de l’endroit où j’ai filmé. Il y a des gens qui se sont identifiés aux personnes du film.

Ludivine : Et cela a suscité une réflexion sur l’enfance !

Camille : Oui, et aussi sur la nécessité de montrer des personnes en situation de handicap. Cela leur a fait du bien et ça m’a particulièrement touché car c’est le but de mon travail

Neebiic, c’est la première fois que vous intervenez en milieu hospitalier. Qu’est-ce qui vous intéresse dans la démarche et qu’êtes-vous venus chercher ?

Ludivine : C’est parti de ce film justement [On a roulé sur la lune, 2020, de Camille Gaillard]. La forme ciné-concert était le point départ pour Plaines Santé. Ensuite, on a travaillé et on a développé ce moment acoustique et déambulatoire que l’on a proposé ce matin. On s’est dit que ce serait opportun de jouer dans les chambres des résidents qui ne peuvent pas bouger.

Adrien : Je ne sais pas trop ce que l’on vient chercher. C’est ma première expérience en milieu hospitalier, alors j’arrive sans apriori, et sans savoir vraiment si ce que l’on montre est pertinent. On se fait tout petit. On vient avec des propositions projetées, toute faites, et très vite, on sent qu’il faut les mettre au niveau des énergies de chacun chacune. C’est donc aussi artistiquement intéressant au-delà du fait que c’est une expérience très touchante. Et il y a cette interrogation permanente : est-ce que c’est pertinent ? On va vers des gens qui n’ont pas forcément demandé quelque chose.

Ludivine : On partage tous les trois cette crainte là en fait ! C’est une occasion parfaite de tester ces rencontres mais effectivement les personnes n’ont pas vraiment demandé à ce que l’on soit là. On impose quelque chose mais on essaye de le faire en faisant attention aux énergies, aux envies des gens.

Camille : On arrive et eux n’ont pas choisi. Je me demande toujours : est-ce qu’on a notre place ? C’est peut-être pour cela qu’on attache autant d’importance aux retours. S’ils sont bons, cela nous permet de nous rassurer et de nous dire : ah si, on a bien fait notre travail !

Justement, comment avez-vous travaillé pour préparer ces impromptus ? Est-ce que vous réadaptez vos propositions au fur et à mesure ?

Ludivine : Aujourd’hui, c’était un peu la découverte. C’était la première fois que l’on jouait notre proposition déambulatoire par exemple. On a essayé des choses. Vivement les prochaines ! Cela donne envie de revenir pour tenter d’autres trucs et revoir les gens qu’on a rencontré.

Adrien : On se demandait vraiment comment les gens allaient accueillir cela. Et en fait, il s’est passé de très beaux moments !

Ludivine : Oui, j’ai beaucoup aimé par exemple le moment dans la chambre de Marianne quand on a joué Johnny !

Camille : Cela me fait penser à la question de vos masques [Le duo Neebiic est normalement masqué sur scène avec des visages de singes] : est-ce qu’on les met ? est-ce qu’on ne les met pas ? Est-ce que ça fait peur ? Et là en fait on a eu des supers retours sur vos masques donc on s’est dit : ah bah si en fait il faut les mettre !

Camille, toi ce n’est pas la 1ère fois que tu interviens en milieu hospitalier. Qu’est-ce que tu aimes dans cette démarche ?

Camille : Ce n’est pas la première fois, mais ici c’est différent. Avec Plaines Santé, c’est une forme diffusion. D’habitude, je créé avec les résidents. Je travaille avec eux et ils se reconnaissent dans les films. Là je viens avec un film que j’ai fait ailleurs et que je montre donc c’est une autre démarche. Je suis toujours très contente de ramener ici de la diffusion et de la culture, mais ce n’est pas sans questionnement et sans peur.

Mehdi

Peux-tu te présenter ?

Je m’appelle Mehdi, résident à Arleux, bénévole à Raimbeaucourt. J’ai 36 ans

Comment es-tu devenu bénévole pour le centre Hélène Borel ?

J’étais à l’accueil de jour où il nous est proposé un certain nombre d’activité qui m’ont permis de m’ouvrir. Maintenant, j’ai envie de faire autre chose. J’ai toujours été ouvert aux autres, mais je n’étais pas ouvert au monde extérieur. Quand j’ai commencé à prendre le bus par exemple, je flippais beaucoup. T’es tout seul dans le bus, si le chauffeur ne s’arrête pas, tu te retrouves loin et c’est un problème. Mais aujourd’hui, je n’ai plus peur et j’ai eu envie de bouger, d’être actif.

Pour ta mission de bénévole, tu es amené à te déplacer, notamment pour aller de ton lieu de vie à Arleux, jusqu’au centre de Raimbeaucourt (25km) Quelles difficultés rencontres-tu ?

Pour venir à Raimbeaucourt, il me faut prendre 2 bus. Il faut que je parte à 7h51 d’Arleux et j’arrive à 9h37 à Raimbeaucourt. La difficulté c’est qu’il faut prévenir la société de bus avant de partir sinon les chauffeurs parfois refusent de nous prendre. Mais les choses s’améliorent : les bus sont désormais gratuits et adaptés ! Si je veux aller plus vite, je dois faire appel à un taxi privé, cela coute 60 euros la journée.  Faciliter la mobilité des personnes en situation de handicap reste un chantier. Tout est plus cher pour nous. Mais moi j’ai la bougeotte dans le sang, alors je prends les transports et je m’assure qu’on respecte mes droits !

Quelles sont tes missions en tant que bénévole ?

S’il y a un évènement, Mathieu m’appelle. Si je suis disponible, je viens. Mais il se peut que je ne sois pas disponible, car j’ai aussi des séances de rééducation à l’extérieur. Si je suis disponible, j’aide à la logistique comme par exemple recouvrir les fenêtres de papier pour créer une salle de projection pour les films de Camille ! C’est ce qui m’attend dimanche à Arleux par exemple.

Qu’as-tu pensé du film de Camille ?

J’ai pensé que le film était pas mal. Il dit les choses réelles. Même si ce sont des enfants qui le disent, ils racontent ce que l’on vit. On ne serait pas handicapé aujourd’hui, on serait plus visible.

Dans le film, on parle du regard des autres sur les personnes en situation de handicap. Est-ce que cette question du regard t’a fait écho ?

Le regard des autres, je m’en fou ! On m’accepte comme je suis. Si on ne m’accepte pas, les personnes dégagent.

Les artistes confiaient qu’ils avaient peur de s’imposer, de proposer des activités artistiques que vous n’avez pas demandé. En tant que résident et ancien usager de l’accueil de jour, que penses-tu des activités proposées ?

J’ai arrêté l’accueil de jour car je n’y trouvais plus mon compte. On faisait beaucoup d’activités et ce n’était plus ce que j’avais besoin. Mais c’est personnel. On ne peut pas dire que l’accueil de jour est une mauvaise chose. Les personnes qui viennent n’ont souvent rien d’autre à faire. S’ils n’ont pas cette chance, ils restent chez eux, parfois seuls, à ne rien faire. C’est très important que la culture vienne à eux. Heureusement, que j’ai trouvé le centre Hélène Borel à un moment dans ma vie car cela m’a permis de m’ouvrir. J’étais plus renfermé avant ; et cela m’a permis de prendre mon indépendance. Aujourd’hui, je n’ai plus peur de bouger d’une ville à l’autre. Mais certaines personnes, en raison de leur handicap, ne peuvent pas se déplacer. Et c’est triste : toute personne doit pouvoir se déplacer ! Bouger, c’est s’octroyer un moment d’évasion.

Expériences musicales à l’APEI de Denain

By | APEI de Denain 2022/2023

Plaines Santé repart pour une nouvelle édition : et c’est l’APEI  – Papillons Blancs de Denain, qui a accueilli les premiers impromptus de la saison avec le collectif Muzzix. L’APEI de Denain se compose d’une multitude de services et deux sont concernés par les impromptus artistiques : le SAJ et le SAT qui accueillent des adultes en situation de handicap intellectuel. Le 10 mars 2023, le Cruz/Beaumont duo (guitares électriques) a proposé un concert-rencontre d’une heure environ afin de faire découvrir la musique expérimentale aux usagers de l’établissement.

Retours en images et en sons avec le diaporama sonore réalisé par Gabriela Téllez et Sidonie Hadoux.

Des impromptus autour de la création EINE WINTERREISE du collectif Meute

By | Centre Hospitalier Isarien EPSM de l'Oise 2021/2022

Le collectif Meute participe pour la seconde année consécutive au dispositif Plaines Santé. Cette année, les artistes proposent un ensemble d’impromptus sous forme d’ateliers participatifs et de concerts à l’EPSM de l’Oise.

« Quoi ma gueule ? qu’est-ce qu’elle a ma gueule ? », fredonne Cédric Van Caillie, accompagné par sa guitare électrique. L’auditoire est silencieux, attentif, bercé par la musique. Le hall est cotonneux, lumineux, reposant. De confortables chaises grises et vertes accompagnent les spectateurs et spectatrices dans leur détente. « Ba alors, vous ne chantez pas ! Personne ne chante !? », s’exclame Pascale, une patiente venue assister au concert. Et elle chantonne avec Cédric, voix grave, mélodique et rocailleuse.

Pascale est mélomane : « Je me lève avec la musique, je me couche avec la musique, ça me détend. Alors oui, j’ai aimé, c’était très bien, j’ai chanté, témoignera-t-elle à la fin du concert. Avec la musique, j’entends ce que je veux entendre. »

Le concert continue. « Ne vous déplaise en dansant la javanaise … ». Cette fois Pascale a eu raison de l’auditoire, les patients et les soignants fredonnent. Le hall est décoré, une note de musique scintille, suspendue à la branche du sapin de Noël. Les fenêtres rectangulaires, juste en dessous du plafond, laissent entrer de grands morceaux de soleil sur les murs beiges. « Oh c’est beau ! », s’exclame Pascale, quand Cédric entame une de ses compositions personnelles.

« Car il reste du temps pour regonfler nos voiles » chante le musicien, comme un murmure rassurant, un souffle qui apaise.

« Le dispositif est facilement réalisable pour les équipes car il demande peu de logistique »

« Nous avons choisi ce hall car c’est l’endroit où les 4 unités peuvent se regrouper, c’est un lieu propice à la réunion », expliquent Sandrine Roekens et Johanna Triaire, coordinatrices culturelles à l’EPSM de l’Oise. L’établissement a souhaité reconduire le dispositif Plaines Santé une seconde année car les impromptus de la saison une ont fait l’unanimité. (Il s’agissait du duo de musiciens formé par Sandra Nkake et Ji dru). « Ce sont toujours des moments légers pour les patients », souligne Johanna Triaire. « Le dispositif est facilement réalisable pour les équipes car il demande peu de logistique, et est donc facilement adaptable aux contraintes de soins des unités, explique Sandrine Roekens, et puis humainement, ce sont toujours de belles rencontres ».

Cette année, le collectif Meute a impulsé une nouveauté : animer des ateliers du lundi au jeudi, soit 4 jours consécutifs. « Au départ les équipes soignantes étaient réticentes » avouent Sandrine. Sarah Thery , chanteuse lyrique du collectif Meute explique : « On voulait faire participer les patients à la création de notre nouveau spectacle, une œuvre de Schubert intitulé EINE WINTERREISE, qui raconte l’histoire de quelqu’un qui marche dans la neige ». Le texte est trop lourd pour travailler directement dessus, alors les artistes ont proposé de créer des cartes postales sonores sur la thématique des « souvenirs de printemps ». Les participants et participantes étaient invités à raconter un lieu qu’ils et elles aimaient.

Les services ont finalement tous apprécié cette série d’ateliers. « C’était important de se dire que c’est possible, renchérit Sandrine Roekens. Cela a permis aux patients des 4 unités du CPHT (Centre Psychothérapique Henri Theillou) de se rencontrer car d’habitude ils n’ont aucun lieu pour se réunir hormis la cafétaria ».

Une expérience riche et complexe pour les artistes. « C’était important pour nous de travailler sur le temps long avec les groupes de patients, raconte Sarah Thery, mais on a compris qu’un processus de création était plus difficile à mettre en place qu’un processus de diffusion. Ce serait peut-être plus adapté au format résidence. ». Quoi qu’il en soit, les équipes et les patients étaient « hyperheureux » à la fin. « Et puis c’est vraiment important qu’il y ait des artistes dans les lieux de soin car les gens ne peuvent pas sortir, alors c’est vital pour eux de continuer à avoir accès à la culture », conclue Sarah. Le temps est venu pour les artistes d’aller déjeuner, avant d’entamer un nouvel après-midi d’atelier.

 

Un avant-goût de Noël dans les couloirs du CH de Maubeuge

By | CH de Maubeuge 2021/2022

Un avant-goût de Noël dans les couloirs du CH de Maubeuge

Jeudi 8 décembre 2022, le Chœur de Chambre Septentrion a livré 3 impromptus musicaux au CH de Maubeuge. Ces courtes formes viennent conclure l’ensemble des concerts, ateliers voix et ateliers d’écriture instaurés par le collectif dans le cadre de Plaines Santé.

« Juste avant Noël, ça fait du bien, lance une patiente du service psychiatrie du CH de Maubeuge. D’habitude, on est angoissé quand on rentre ici, et là, pour une fois, c’était agréable. » Les six chanteur.ses lyriques du Chœur de Chambre Septentrion ont été chaleureusement applaudis, quittent le hall de l’hôpital, là où ils viennent de chanter un répertoire de Noël aux sonorités lyriques. « C’était comme ça, réagit une jeune patiente, le pouce en l’air. J’aimerais beaucoup avoir la même voix, c’est impressionnant ! ». Une dame au pull bleu a gardé un sourire apaisé sur le visage alors que le concert est terminé. Christophe, patient lui aussi, ancien technicien polyvalent à la scène nationale Le Manège se remet de sa prestation avec joie. Entre deux chansons, Christophe a lu une partie des textes écrits par les patients et patientes lors de deux ateliers d’écriture animés par la comédienne Alexia Leu. Le duo improvisé a coloré le concert d’une touche de poésie.  « On a créé des textes sur les souvenirs, moi j’ai écrit sur les voyages et les mineurs de fond et j’ai accepté de les lire aujourd’hui car j’adore la narration, j’adore parler et raconter des histoires », s’enthousiasme Christophe.

Le Chœur de Chambre Septentrion est intervenu de juin à décembre, en proposant diverses formes et impromptus artistiques : concerts au chevet, ateliers voix, ateliers d’écriture. Pour ces derniers, le collectif a travaillé avec la comédienne Alexia.

Des impromptus pour le plaisir des patients et des soignants

Au fond du hall aménagé en salle de concert improvisée, deux soignantes profitent du concert. «  Les patients étaient très contents de venir voir le concert et de retrouver Alexia car ils ont très apprécié les ateliers d’écriture, explique l’une d’entre elle. Nous n’avons pas l’habitude de faire venir des artistes, faute de budget, alors du coup, là, on en profite ! »

Et c’est justement le personnel soignant qui était au rendez-vous le matin-même dans les couloirs des services de chirurgie et de gériatrie. Pendant une vingtaine de minutes, les artistes ont proposé un répertoire lyrique tonitruant dans les halls d’accueil des deux services. Entre les chariots des plateaux repas, les civières, et les visiteurs pris par surprise en sortant de l’ascenseur, les chanteurs et chanteuses ont attiré quelques soignants, d’abord timides, adossés contre les murs des couloirs. « On s’ambiance ici », peut-on entendre s’échapper de l’accueil du service chirurgie. Estelle, secrétaire médicale, confie à la fin du concert : « C’est vraiment sympa, et c’est la première fois que je vois ça ici. Dommage qu’il n’y ait pas eu plus de passage dans le service. Les patients sont restés dans leur chambre, mais pour nous, on a bien aimé, ça nous a fait une pause ! ».  À l’entrée de l’unité ambulatoire adulte endoscopie, une médecin a écouté tout le répertoire avec attention. « Cela me rappelle mon enfance car je viens de Roumanie et là-bas, nous avons souvent de la musique dans les rues, dans les hôpitaux aussi. », confie-t-elle avant de disparaitre dans le couloir.

Le programme de la journée est chargé avec 4 représentations. À la cafétaria du CHU, entre deux bouchées, Mélinée Lesschaeve, soprano revient sur cette expérience : « C’était différent à chaque fois. On a proposé différentes formes. À chaque fois on s’adapte au public et à l’organisation. Mais pour moi, le contact le plus fort était avec les patients en psychiatrie. »

La distribution du jour au CHU de Maubeuge :

Direction : Rémi Aguirre Zubiri

Comédienne : Alexia Leu

Sopranos : Clémence Olivier, Mélinée Lesschaeve

Mezzo : Magali Aguirre Zubiri

Ténor : Benjamin Aguirre Zubiri

Baryton : Alexandre Richez

Basse : Christophe Gautier

 

«C’est vraiment la rencontre de deux mondes»

By | EPSM Somme 2021/2022

Vendredi 2 décembre 2022, l’Ensemble Contraste a rendez-vous à l’EPSM de la Somme, à Amiens, pour deux derniers concerts. L’ensemble conclue ainsi sa deuxième participation au dispositif Plaines Santé. Pour cette deuxième saison, les musiciens se sont rendus à plusieurs reprises dans les différentes unités de l’EPSM afin d’animer des ateliers et des concerts. L’occasion pour Plaines Santé d’interroger Marie Vincent, responsable des affaires culturelles et de la communication à l’EPSM de la Somme.

  • Pouvez-vous présenter l’établissement ?

L’Etablissement Public de Santé Mentale (EPSM) de la Somme est composé de 4 pôles : la psychiatrie générale ; la filière de réhabilitation psycho-sociale ; la pédopsychiatrie et la psycho-pharmaceutique. Ces 4 pôles sont répartis sur 40 hectares et plusieurs antennes à Amiens et ses alentours.

  • Quelles politiques culturelles mettez-vous en place au sein de l’EPSM ?

Je suis arrivée en 2019, or il y a avait déjà une politique culturelle bien installée et facilitée par les politiques Culture Santé de la DRAC et de l’ARS. Ces politiques ne sont plus reconduites depuis 2020 mais cela ne nous a pas empêché de continuer à faire des projets. Cela nous a fait prendre un autre virage : avant 2020, nous travaillions avec les artistes en amont, nous montions un projet avec eux, et on obtenait ou non un financement. Désormais, la DRAC fait toujours des appels à projet mais cette fois, en nous proposant des artistes. C’est le cas avec le dispositif Plaines Santé par exemple, et c’est ainsi que nous avons été amené à travailler avec l’Ensemble Contraste. Avec du recul, je trouve que cela nous a permis de sortir de notre zone de confort et de découvrir de nouveaux artistes.

Parallèlement, nous développons une politique de partenariats sur le territoire grâce à notre commission culture. La commission se réunit 4 fois par an. Elle est ouverte à tout le monde dans l’établissement. C’est un lieu de libre expression ou chacun y emmène ses envies. Nos partenaires culturels sont invités, ainsi que ceux avec qui nous n’avons pas encore de convention mais avec qui nous avons envie de collaborer. Ces réunions sont des espaces de rencontres, d’échanges et amènent à la mise en place de projets. Nous ne nous fixons aucune limite et jamais la Direction ne refuse nos propositions.

  • Quel est selon-vous l’objectif principal des partenariats ?

Notre objectif est de ramener la culture dans nos locaux, mais surtout, d’aller à l’extérieur avec les patients patientes. Les deux sont essentiels car nos patients ne seront pas toujours hospitalisés, ce sont des gens comme tout le monde, et une fois revenus à la vie « normale », ils et elles pourront continuer de fréquenter ces lieux. Nos partenaires sont très réactifs et en demande. Nous avons un tarif préférentiel mais il est important pour nous que les patients contribuent financièrement car la culture n’est pas gratuite.

  • Comment trouvez-vous de nouveaux partenariats ?

Nous travaillons avec déjà beaucoup de partenaires (la Comédie de Picardie, le Safran, le Musée de Picardie, le FRAC, etc). Nous essayons aussi de délocaliser nos commissions culture. Hier par exemple, nous étions au Zoo d’Amiens pour l’une de nos commissions et nous sommes en train de développer un partenariat avec l’établissement. En février, nous serons accueillis par le FRAC Picardie pour la première commission culture de 2023. Je reste persuadée que c’est le relationnel qui fait avancer les choses.

  • Qu’est ce que vous aimeriez améliorer ?

Nous aimerions accueillir quelqu’un en résidence mais nous n’avons pas les fonds pour le moment. Ensuite, nous observons que par habitude et par manque de temps, la culture est un peu moins ancrée en intra-hospitalier. Nous aimerions pouvoir la développer davantage. Mais j’ai bon espoir car des soignants qui travaillent en intra-hospitalier viennent de rejoindre la commission culture.

  • Pourquoi, selon-vous, est-il nécessaire de faire entrer la culture dans le milieu hospitalier ?

Pour moi, ce sont des moments magiques. On oublie la maladie, la pathologie. Il n’y a plus de différences entre patients et soignants. Les patients et patientes ne sont pas différents de nous, alors tout comme nous, cela permet de passer un bon moment, de se détendre et de se changer les idées.

  • Pour ce premier Plaines Santé dans l’établissement, comment avez-vous travaillé ?

Nous avons tout d’abord candidaté à l’appel à projet. Quand nous avons su que nous étions sélectionnés, nous avons choisi 3 représentants à la Commission Culture. Ces trois représentants ont choisi l’ensemble Contraste.

Ensuite, nous avons rencontré les artistes avec le Bureau d’Inspiration Partagée (BIP). Les choses étaient encore assez floues à l’issue de la première réunion mais on s’est dit qu’un premier concert serait bienvenu pour commencer. Il a eu lieu le 16 mai 2022. Il y a eu pas mal d’inscrits sur cette date. C’était magique : les patients nous ont remercié et les services frileux ont été convaincus et ont voulu en être.

À chaque venue des artistes, 3 services profitaient de leur présence et les musiciens se sont baladés dans toutes les unités. Nous voulions clôturer cette belle collaboration par un concert, qui a donc eu lieu aujourd’hui, le 2 décembre.

  • Quel est selon vous le point fort d’un dispositif comme Plaines Santé ?

Cela a le gros avantage de nous obliger à aller vers quelque chose de nouveau. Les soignants peuvent avoir l’habitude de travailler avec les mêmes artistes parce qu’ils ont peur d’aller vers des ateliers ou des rencontres qu’ils n’ont pas préparés. Alors oui au départ cela créé des appréhensions, mais au final, la majorité des unités étaient très satisfaites. Pour les musiciens aussi c’est beaucoup d’émotions. Ils m’ont confié être admiratifs du travail des équipes. C’est vraiment la rencontre de deux mondes !

  • Quel est votre prochain projet ou celui en cours ?

Nous avons un projet d’exposition photo sur les murs d’enceinte de l’EPSM. Cette exposition est le fruit de notre collaboration avec l’ESAD d’Amiens qui a réalisé un projet photo au sein de nos services. Nous voulons montrer sur nos murs ce qui se passe à l’intérieur. L’inauguration est prévue en mars 2023 !

 

Une pluralité d’impromptus artistiques par l’Ensemble Contraste.

By | EPSM Somme 2021/2022

L’Ensemble Contraste a proposé, pour cette nouvelle édition de Plaines Santé, une diversité d’impromptus à la croisée de la musique, la danse et du théâtre. Les interventions se déroulent entre mai et décembre 2022.

Ce sont les artistes Madlyn Farjot, chorégraphe, Thomas Cannariato et Arnaud Thorette, altiste qui proposent, au sein de différents services de l’EPSM de la Somme, des temps de concerts et d’ateliers.

Différents services sont concernés par les impromptus :

  • services en intra de l’EPSM de la Somme
  • hôpital de jour La Capucine
  • hôpital de jour La Grande Ourse
  • hôpital de jour pour adolescent.e.s
  • CATTP pour adolescent.e.s
  • Hôpital de jour TCA
  • UTP Mara Selvini
  • L’ergothérapie
  • Le service de psychogériatrie
  • hôpital de jour Daumezon
  • hôpital de jour 3 Baies
  • hôpital de jour Fougères
  • CATTP Delpech
  • CATTP Vivier

Plusieurs lieux de l’EPSM ont été investis : la chapelle, les services intra-hospitaliers, la cafétéria, le CAPA…

Un concert final clôturera le projet et sera proposé au sein de la chapelle de l’EPSM de La Somme.

Le Bureau de Postes des Poètes Patients…

By | EPSMD de l'Aisne 2021/2022

Ce bureau éphémère s’installe dans les espaces d’accueil des services, les halls, les salles d’attente ou tout autre lieux à imaginer. Martin Granger invite les participantes et participants à écrire de courts poèmes qui sont ensuite mis sous pli, éventuellement personnalisés et expédiés par voie postale à des destinataires inconnus, familles, amis, en dehors de l’hôpital ou dans d’autres services de l’EPSM.

La proposition est très souple et permet d’organiser des séances de 10 à 45 minutes pour des groupes de 1 à 15 personnes.

Les techniques d’écriture proposées (dont une large part est inspirée des propositions de l’Ouvroir de Littérature Potentielle : OuLiPo) sont éprouvées et permettent à des publics très divers, y compris ne sachant ou ne pouvant pas lire et/ou écrire, de produire des textes de qualité. Les poèmes peuvent  puiser leur inspiration dans des sources infinies : le nom de la rue du destinataire ; des textes sur le thème de la liaison épistolaire choisis et proposés par l’intervenant ; l’environnement immédiat (locaux, écriteaux, règlements, affichage etc.) ; les récits des participantes et participants…

Parallèlement à l’écriture de textes, les participantes et participants sont conviés à éventuellement réaliser des enveloppes originales sous la houlette de Delphine Sekulak et Louise Bronx, artistes plasticiennes. Toutes deux ont leurs techniques de prédilection et emploient avec les participants des procédés simples et rapides tels que l’estampe, le collage, le dessin, le tampon, etc.

Les interventions se sont déroulées au mois d’octobre 2022.